Le peuple Konso, établi au sud-ouest de l’Éthiopie, incarne une tradition architecturale ancestrale très bien adaptée à l’environnement semi-aride des hauts plateaux de la région du Sud. Vivant dans la zone montagneuse au sud du lac Abaya, les Konso ont développé des villages fortifiés uniques, témoignage d’un mode de vie profondément lié à l’agriculture en terrasses et à la défense collective.
Organisation du village et fortifications
Un village Konso se distingue par sa localisation en hauteur et la présence de fortifications. Les murs d’enceinte sont réalisés en pierre sèche, renforcés parfois par des éléments de bois. Ils servent à protéger la communauté des animaux sauvages et des attaques extérieures, mais aussi à structurer l’espace dans le village. Les chemins étroits et sinueux permettent de ralentir toute intrusion, et facilitent la surveillance.
Au cœur de ces fortifications, les maisons circulaires Konso s’ordonnent autour de cours et de ruelles. Cette organisation optimise l’usage du terrain escarpé et favorise la cohésion sociale.
Les terrasses agricoles, réalisées à la main avec des murets de pierre sèche, ceinturent le village et témoignent d’un savoir-faire ancien pour valoriser chaque parcelle cultivable.

Morphologie des huttes konso
Les habitations traditionnelles Konso se reconnaissent à leur plan circulaire et à leur toiture conique débordante, réalisée en chaume. Chaque hutte repose sur une base en pierre, formant un soubassement solide qui isole du sol humide et protège contre les ruissellements. Les parois sont faites de pieux de bois robustes, parfois entrecroisés ou simplement dressés, et complétés par des éléments végétaux ou des branchages. Ce système permet une bonne ventilation intérieure et favorise l’éclairage naturel. Certaines huttes ont également des parois entièrement réalisées en pierre sèche, pour plus de solidité.
La toiture présente une double couronne : une première partie conique puis une excroissance supérieure, typique de l’architecture Konso. Ce choix offre plusieurs avantages : évacuation rapide des eaux de pluie, limitation de la pénétration directe du soleil et meilleure résistance aux vents forts.


Système constructif et matériaux locaux
Les matériaux utilisés proviennent exclusivement du milieu immédiat. Le soubassement et les murets sont réalisés en pierres locales, extraites des versants montagneux. Les poteaux et pieux de la structure murale sont issus des arbres de la savane environnante. Le chaume de toiture, récolté en saison sèche, est posé en couches épaisses, maintenu par des ligatures végétales, la charpente est composée d’un tronc central d’où partent de solides branches rayonnantes qui supportent la couverture de la hutte.
Le montage de la toiture montre une grande rigueur technique : chaque couronne de chaume est ajustée et pressée afin d’assurer l’étanchéité. L’intérieur, relativement sombre, est aéré par de petites ouvertures entre les pieux, ce qui limite la chaleur accumulée tout en assurant une ventilation constante.

Vie domestique et adaptation climatique
Ces huttes traditionnelles du peuple Konso sont adaptées au climat local. La forme circulaire et la toiture pentue favorisent la circulation de l’air et l’évacuation de la chaleur. L’épaisseur du chaume procure une excellente isolation thermique, maintenant la fraîcheur en journée et la chaleur la nuit.
Au sein du village, la densité des constructions, l’abondance de végétation et la présence d’enclos en branchages dessinent une trame urbaine cohérente, et bien intégrée au paysage en terrasses.





Transmission d’un savoir-faire ancestral
L’architecture des huttes Konso n’est pas qu’un choix fonctionnel : elle exprime aussi une identité culturelle et un patrimoine. Chaque génération perpétue les gestes de construction, la sélection des matériaux et l’organisation du village. Ce modèle de vie, fondé sur l’entraide et le respect des ressources, demeure une référence en matière d’adaptation au milieu et de résilience face au climat.
Les huttes traditionnelles du peuple Konso représentent un exemple remarquable d’architecture vernaculaire, fruit d’un équilibre entre les traditions, l’environnement et l’ingéniosité technique. Leur conception, dictée par les contraintes du relief, du climat et des ressources, illustre une organisation sociale solide et une maîtrise fine des techniques de construction en matériaux naturels.