Le peuple afar vit dans une zone à peu près triangulaire du désert Danakil. Il y a environ 250 000 afars vivant dans ce qui est l’une des zones les plus inhospitalières de la planète, pour la plus grande partie constituée de terres rocheuses et sèches, en grande partie en dessous du niveau de la mer. Il n’y a pas de pluie pendant neuf mois de l’année et les températures peuvent atteindre 50° au soleil.
La daboyta joue un rôle central dans la culture et le mode de vie de ce groupe ethnique, les Afars. Loin d’être une simple hutte (ou tente), la daboyta est un exemple d’adaptation humaine ingénieuse aux conditions climatiques extrêmes de la région de l’Erta Ale, une zone volcanique aride.
Le camp est en forme de cercle avec deux à six huttes et est fermé par une clôture de buissons épineux; il y a aussi une clôture de buissons épineux pour les moutons et les chèvres au centre du camp.
Légères et portables, ces huttes fournissent de l’ombre contre le soleil et servent de stockage pour les maigres possessions de leurs propriétaires. La tente Afar est de forme hémisphérique et est faite de branches de palmier recouvertes de nattes. Elle peut être construite et démontée rapidement, un travail réservé aux femmes. Assez légères pour être transportées à dos de chameau, elles sont érigées dans des endroits semi-permanents au cours des migrations saisonnières, habituellement près des puits.
Histoire et étymologie
Le terme « daboyta » dérive de la langue afar et se traduit approximativement par « hutte » ou encore »cabane ». Cependant, cette traduction peut être réductrice, car la daboyta est en réalité une tente sophistiquée et fonctionnelle. Les premières mentions de ce type d’habitation remontent à des observations ethnographiques effectuées par des chercheurs au cours du 20ème siècle.
Selon Didier Morin, linguiste spécialisé dans les langues de la région, la daboyta est une structure symbolique, représentant à la fois un foyer et un refuge contre les conditions climatiques sévères.
Structure et design
La daboyta du peuple Afar est construite principalement à partir de matériaux disponibles localement. Le cadre de la tente est généralement constitué de branches flexibles d’acacia ou d’autres arbres locaux, formant une structure en dôme. Cette armature est ensuite recouverte de nattes tressées à partir de feuilles de palmier doum, connues pour leur résistance et leur flexibilité. Ces nattes sont fixées de manière à créer une enveloppe protectrice contre le soleil intense et les vents violents.
Rôle des femmes
Le camp est surtout le lieu des femmes. Elles le gardent propre, soignent les moutons, les chèvres et les vaches laitières, prennent soin des enfants et construisent les huttes de tapis dans lesquelles les Afars vivent. Les huttes sont toujours détenues par les femmes qui font leur entretien. La dot de la femme comprend la hutte, le lit, et d’autres meubles de la hutte. Le travail des hommes est de construire des enclos pour les animaux et de faire tout travail qui implique un déplacement loin du camp.
Dans la culture Afar, les femmes sont le pilier de la construction et l’entretien des daboytas. Elles sont principalement responsables de la fabrication des nattes en palmier doum, une compétence transmise de génération en génération. Ces nattes, tissées avec soin, constituent l’essentiel de la couverture de la daboyta. En plus de tisser les nattes, les femmes participent activement à l’assemblage de la structure, démontrant une connaissance approfondie des techniques de montage et des matériaux utilisés.
Le travail des femmes dans la construction des daboytas est aussi un symbole de leur savoir-faire et de leur résilience. En maîtrisant les techniques de tissage et de construction, elles assurent la sécurité et le confort de leur famille. Ce rôle est valorisé lors des déplacements saisonniers, où la rapidité et l’efficacité de montage des tentes sont vitales pour la survie dans des environnements souvent hostiles.
Adaptabilité et mobilité
L’un des aspects les plus remarquables de la daboyta est sa portabilité. Étant nomades, les Afars ont conçu ces habitations pour être démontables et transportables. Une famille peut démonter sa daboyta en quelques heures, la charger sur des chameaux et se déplacer vers un nouveau site de campement.
Cette mobilité est nécessaire pour la survie dans des environnements où les ressources en eau et en nourriture sont saisonnières et dispersées.
Usage contemporain
De nos jours, la daboyta a également trouvé une place dans le secteur touristique. Certains campements touristiques proposent des séjours dans des daboytas pour offrir aux visiteurs une expérience authentique de la vie nomade Afar. Par exemple, lors de l’Exposition universelle de Shanghai en 2010, une daboyta spécialement conçue a été présentée comme une attraction majeure du pavillon de Djibouti, mettant en avant l’ingéniosité et la richesse culturelle de ce type d’habitat.
Symbolisme et modernité
Au-delà de son utilisation traditionnelle, la daboyta symbolise la résistance et l’adaptabilité des Afars face à des environnements hostiles. Elle est un témoignage vivant de l’ingéniosité humaine et de la capacité d’adaptation culturelle. Même dans un monde de plus en plus globalisé, où les modes de vie traditionnels sont souvent menacés, la daboyta reste un symbole de l’identité et de l’héritage des Afars.
Conclusion
La daboyta est bien plus qu’une simple habitation; elle est un élément central de l’identité culturelle des Afars. Sa conception ingénieuse, son adaptabilité et sa symbolique en font un exemple remarquable de l’architecture nomade. En préservant et en mettant en valeur cette tradition, les Afars continuent de transmettre leur riche patrimoine culturel tout en s’adaptant aux défis du monde moderne.