L’Habitation La Grivelière en Guadeloupe est une plantation de café située sur la commune de Vieux-Habitants, en Basse-Terre. On ne sait pas exactement quand elle a débuté son activité, mais il est probable qu’elle ait profité du contexte nouveau, favorable au développement de la culture du café en Guadeloupe vers 1726 sur les propriétés impropres à la culture de la canne. La plantation est située le long de la Grande Rivière de Vieux-Habitants, dans le parc national de la Guadeloupe, à 200 mètres au dessus du niveau de la mer. Elle opère sous les auspices de l’Association Verte Vallée qui a restauré le lieu en « Maison du café ». L’habitation La Grivelière comprend une douzaine de bâtiments : maison de maître, maison du géreur, habitations d’ouvriers permanents, deux boucans, hangar à torréfaction, moulins à déceriser, bonifierie, oratoire, maisons d’ouvriers (anciennes cases d’esclaves) et autres bâtiments annexes.
Histoire de l’Habitation La Grivelière en Guadeloupe
Témoin vivant de l’économie de la plantation, La Grivelière appartenait en 1761 aux frères jacobins, qui l’appelaient manufacture Saint-Joseph, elle s’étendait alors sur 47 hectares et comptait environ 70 personnes, dont 45 esclaves. Après avoir changé plusieurs fois de mains, la propriété fut rachetée par Alexandre Auguste Périollat et baptisée La Grivelière en 1842, nom du quartier où il est né près du village de Montrigaud (Drôme). Il choisit alors de se consacrer à la transformation du ‘roucou’ dont les graines rouges une fois broyées servent à teindre les tissus, en particulier les pantalons de l’armée française.
Puis le domaine développe la culture du cacao, avant de redevenir caféière à la fin de la première guerre mondiale. Les propriétaires successifs font ensuite s’étendre l’exploitation qui en 1978 représente près de 90 hectares, dont la moitié plantée en café.
Ce domaine comprenant des bâtiments à usage domestique et agricole a été classé monument historique en 1987 en raison de son caractère unique et de ses bâtiments, qui sont des structures en bois datant du début du 19ème. En effet, La Grivelière, typique des anciennes habitations des hauteurs de la Côte-Sous-Le-Vent, est un ensemble agricole traditionnel parmi les mieux conservés des Petites Antilles.
La maison du maître (ci-dessous), restaurée en 1999, offre un aperçu de l’ensemble. Les murs intérieurs et les finitions sont en acajou blanc. L’étage supérieur, sous un toit en bardeaux, servait à sécher le café. Il est possible de voir trois cabanes d’esclaves, des constructions en toile de bœuf ou en planches recouvertes de paille, et la maison du surveillant, ainsi que les cuisines de la plantation. La propriété contient encore de nombreux bâtiments agricoles qui ont été entièrement restaurés en 2010 (diverses structures pour sécher et stocker le café et le cacao, une écurie, une maison de traitement du café, etc.). L’eau était capturée en amont dans le ravin de Pagesy et canalisée vers la plantation pour diverses utilisations (roue à eau, maison du maître, hangar à cacao, etc.). La propriété a été acquise par le Conseil régional de Guadeloupe en 1988 et est gérée par l’association Verte Vallée depuis 1997. L’habitation La Grivelière propose des visites guidées et une table d’hôte. Dans le but de promouvoir le patrimoine naturel, historique et culturel local, l’association Verte Vallée organise depuis neuf ans des journées thématiques, des ateliers d’experts, des présentations artistiques et des conférences.
Les cases des esclaves : ces logements très sommaires étaient d’abord occupés par les esclaves de l’habitation. L’abolition de l’esclavage en 1848 a conduit les propriétaires à faire appel à une main d’œuvre saisonnière, particulièrement au moment de la cueillette du café. Ces cases, qui ont changé d’aspect, sont en bois et sont recouvertes de tôle. Elles sont situées en contrebas de la « Maison du Maître » afin de permettre plus aisément une surveillance et de lui épargner les bruits et les odeurs.