Les Newars sont une communauté ethnique originaire de la vallée de Katmandou au Népal. Les habitants autochtones de la vallée possèdent une identité culturelle et un patrimoine distincts. La communauté est connue pour son histoire, son art, sa langue, ses traditions et son savoir-faire architectural distinctifs.
La culture diversifiée mélange des éléments de l’hindouisme, du bouddhisme et de leurs pratiques autochtones. Le style architectural introduit et pratiqué par ce groupe autochtone est donc appelé architecture Newari. Ce style architectural qui remonte à l’Antiquité a évolué au fil des siècles, mélangeant les styles newars autochtones avec des éléments des traditions architecturales indiennes, tibétaines et d’Asie du Sud-Est. Ce style architectural unique est évident dans les temples, les complexes de palais, les espaces ouverts et les maisons traditionnelles newars de la vallée de Katmandou.
L’architecture Newari a atteint son apogée pendant la dynastie Malla à partir de 1200 av. J.-C., qui a duré plus de cinq cents ans. Le terme newari fait référence au style utilisé dans les temples newari (aussi appelés Dega), les palais, les monastères et les aires de repos publiques (aussi appelés Dharamsala).
1. Temples de style pagode
Les temples de style pagode sont une caractéristique distinctive de l’architecture newar. Les toits à plusieurs niveaux de ces temples sont inclinés vers le haut et se terminent par un pinacle appelé « gajur » qui se compose d’un triangle, d’un « kalasha », d’un vase renversé et d’une base en forme de lotus.
Ces temples, dédiés au bouddhisme ou à l’hindouisme, ont des toits s’étendant sur une à cinq couches. Ils intègrent parfois une cour fermée et sont souvent indépendants ou rattachés à des structures plus importantes, comme des palais. Le plan au sol est généralement un carré qui ressemble à un mandala. Il arrive également très fréquemment que les toits des temples imitent le dessin du sol.
Les temples de style pagode de Pashupatinath, Changunarayan, Nayatapola, Dattatraya de Bhaktapur, Kasthamandap de Katmandou, le temple de Taleju sont des exemples d’architecture historique. Les sapins de l’Himalaya donnent à ce type, le plus ancien du continent asiatique, sa forme distinctive. Le lieu de culte de la divinité se trouve au rez-de-chaussée, tandis que les objets de culte peuvent être stockés aux étages supérieurs. Le Népal a adopté le style architectural des pagodes dès le début du 13ème siècle.
2. Cour et espaces ouverts
Le labyrinthe d’espaces ouverts est l’épine dorsale de la ville des colonies Newar. Ils forment différents degrés d’intimité. Les maisons traditionnelles Newari, construites de manière serrée, sont regroupées autour de cours intérieures et de jardins potagers. Le bloc de maisons autour d’une cour est relié à un autre bloc similaire par des ruelles étroites et de petits couloirs.
Les cours fermées sont appelées « bahil » et les cours ouvertes « nani ». Il y a ensuite de grandes places publiques unissant des blocs de construction par un réseau de rues. Ces grandes places étaient à l’origine construites pour les processions de chars, dont la majorité contiennent une image de la divinité et sont utilisées pour célébrer des fêtes religieuses sur les plates-formes carrées appelées « dabali ». Cela crée un tissu urbain unique et central dans les activités quotidiennes. L’assortiment de dimensions est basé sur un principe d’ombre, qui est produit par le feuillage et les bâtiments à proximité.
3. Construction en brique et en bois
L’architecture de la vallée consiste en une combinaison d’une ossature en bois et de murs en maçonnerie ou en briques. Le nom moderne de la plus grande ville de la vallée, Katmandou, proviendrait d’une ancienne structure située dans le centre-ville à proximité du palais, construite en kath (le bois).
Mandi (ou mandon) signifie un édifice, une maison ou un temple. Ainsi, Katmandou signifie « ville de bois », tout comme elle l’était autrefois avant que de nombreuses structures en bois ne soient détruites.
L’assemblage de plusieurs composants utilisant des joints uniques pour chaque composant, évitant presque toujours les dispositifs de fixation fabriqués à partir de matériaux autres que le bois, est l’une des qualités étonnantes de la technique. Un mur est élevé en empilant deux couches de briques avec du mortier d’argile ; la couche extérieure est construite en briques cuites appelées « dachi-appa ».
4. Sculptures en bois complexes
L’une des œuvres les plus complexes de ce type au monde est considérée comme la sculpture sur bois Newar. Les portes et fenêtres en bois richement sculptées, les corniches, les consoles, les linteaux, les montants, les piliers, les chapiteaux et toutes les pièces possibles font partie de l’architecture newari.
Le bois particulier appelé « tambours » utilisé dans les anciens temples et palais a une durée de vie de trois mille ans. Cet artisanat est traditionnel pour la communauté Shilpakar de la ville historique de Patan.
Les œuvres d’art en bois représentent souvent des scènes de la vie quotidienne, des paysages ou parfois même l’imagination de l’artiste. Bien que ces œuvres se trouvent sur les temples tantriques dédiés à Shiva, plusieurs montants sont ornés d’images sensuelles explicites. Le linteau, le seuil et le montant sont ornés de représentations de dieux, de créatures mythiques, de dragons, de paons et d’objets.
5. Sculptures en pierre et objets en métal ouvragé
La création de structures sacrées a marqué le début de la sculpture sur pierre au Népal. Pour éloigner les démons de la demeure du dieu, des sculptures symboliques d’animaux, de personnages légendaires et parfois de soldats sont généralement placées près des portes d’entrée des temples.
Elles représentent également le véhicule de la divinité vénérée au temple. Le Nandi, le taureau de Shiva, le Garuda, le griffon de Vishnu et le Chuchundra, la souris de Ganesh, sont les trois qui sont le plus souvent représentés. Pour souligner la présence des dieux, les métaux ont toujours été utilisés dans la conception urbaine religieuse. De nombreux temples présentent des toits en cuivre dorés à l’or.
Devant les temples ou à proximité de lieux sacrés, on trouve parfois des statues en bronze de divinités, de dirigeants ou de personnages zoomorphes et symboliques, souvent au sommet des piliers de pierre.
6. Débords de toit et avant-toits
Les débords de toit, un élément très important de l’architecture newari, protègent l’ensemble du bâtiment du soleil, de la pluie et du vent et offrent de l’ombre et un abri. Les habitations newari traditionnelles présentent des toits qui s’étendent vers l’extérieur des deux côtés sur environ 0,7 à 1 mètre et qui s’inclinent sur deux côtés à un angle de 30 à 45 degrés.
Le bois et une épaisse couche d’argile sont associés pour créer un toit en tuiles standard. Les poutres et les supports en bois (appelés « tundals ») habilement assemblés à l’aide de techniques de menuiserie traditionnelles, garantissant la stabilité structurelle, sont finement sculptés de motifs décoratifs, de créatures mythiques et de figures divines et florales, mettant en valeur le savoir-faire des artisans.
7. Symbolisme, symétrie et proportion
L’axe central du temple, qui pointe vers le ciel, représente un mouvement céleste d’énergie divine déposée momentanément dans le temple afin que les humains puissent l’adorer sur terre.
Les idées fondamentales qui guident l’architecture Newari sont la symétrie et la proportion. Les Newars, qui sont réputés pour leur savoir-faire artisanal, mettent beaucoup d’efforts pour créer l’harmonie et l’équilibre lors de la conception et de la construction de leurs chefs-d’œuvre architecturaux.
La forme générale des bâtiments, l’emplacement des fenêtres et des portes et la distribution des éléments ornementaux révèlent tous cette disposition symétrique. Le concept mathématique du nombre d’or de 1:1,618, qui est esthétiquement attrayant, est largement mis en œuvre dans l’architecture newar.
