Le style architectural Drakstil (littéralement : « style dragon », du norvégien) est né et a été utilisé en Norvège entre 1880 et 1910. Il s’agit d’une variante du style romantique national plus englobant et d’une expression du nationalisme romantique. L’architecture de la Scandinavie, mélangée aux œuvres d’art des tribus vikings et médiévales, a inspiré le style architectural Drakstil.
Histoire du style Drakstil
Les principales sources d’inspiration du style Drakstil étaient l’art et l’architecture vikings et médiévaux de Scandinavie. Il trouve ses racines dans la préservation des églises en bois debout et dans les récentes fouilles de vestiges historiques tels que les navires de Tune, Gokstad et Oseberg.
Le Drakstil se nourrit des légendes nordiques, de l’art médiéval et des formes architecturales traditionnelles, réinterprétant ces éléments pour créer un style enraciné dans la culture locale.
Le style architectural Drakstil présentait souvent des motifs nordiques, tels que des serpents et des dragons, d’où son appellation populaire de style dragon. Parmi les principaux promoteurs de l’ère moderne figuraient les architectes norvégiens Holm Hansen Munthe et Balthazar Lange.
Holm Hansen Munthe est l’un des pionniers de l’architecture Drakstil. Au cours de sa pratique, il a conçu quelques églises, écoles et restaurants à Oslo. Quelques-uns de ces bâtiments ont ensuite été incendiés et ont été reconstruits. En Allemagne, la station des marins de Kongsnæs à Potsdam et le pavillon de chasse de Rominten ont été érigés à partir de ce style architectural pour le Kaiser Guillaume II.
Symbolisme du dragon et caractéristiques
Le nom « Drakstil » fait référence à l’utilisation du motif du dragon dans les ornements architecturaux. Le dragon, figure mythologique omniprésente dans les légendes nordiques, symbolise la force, la protection et la sagesse. Dans l’architecture Drakstil, les têtes de dragons sculptées en bois apparaissent souvent sur les pignons des toits, rappelant les proues des drakkars vikings. Ces éléments décoratifs renforcent l’identité nordique des bâtiments et illustrent le lien entre l’architecture et la mythologie locale.
Le bois est le matériau de prédilection de l’architecture Drakstil. Il est choisi pour sa disponibilité, mais aussi pour sa connexion avec l’histoire et la tradition architecturale de la région. Les constructions de style Drakstil utilisent des charpentes en bois massif, des toits en pente accentuée, et des décorations sculptées qui évoquent l’art médiéval scandinave. Les techniques de construction traditionnelles sont revisitées, ce qui permet de combiner les pratiques anciennes avec les besoins modernes.
- Murs en bois apparents, souvent goudronnés à l’extérieur et vernis à l’intérieur
- Décoration en forme de têtes de dragon
- Toitures souvent pentues et grands avant-toits
Les réalisations emblématiques
L’architecture Drakstil s’exprime autant dans les bâtiments privés que publics, ainsi que dans les édifices religieux. Les églises en bois, inspirées des églises en bois debout médiévales, sont un exemple frappant de ce style. Ces églises reproduisent les formes élancées et les détails ornementaux de leurs prédécesseurs tout en intégrant des éléments modernisés, créant ainsi un pont entre passé et présent.
Voici quelques autres exemples remarquables de construction de style Drakstil :
- Le pavillon norvégien à l’Exposition universelle de Paris (1889) : conçu par Holm Hansen Munthe, cet édifice est l’un des exemples les plus célèbres de Drakstil.
- Le Holmenkollen Turisthotell (1894) : situé à Oslo, ce bâtiment est un autre exemple remarquable d’architecture Drakstil, bien qu’il ait été détruit par un incendie en 1914.
- Le Scandic Holmenkollen Park Hotel est aussi un bon exemple de l’architecture Drakstil.
- Le village de Balestrand est bon exemple du style dragon dans l’édification des maisons.
- La Villa Balderslund : c’est une résidence privée dans le village de Balestrand qui incarne bien le style architectural Drakstil avec ses motifs sculptés inspirés du folklore nordique.
Influence et évolution du Drakstil
Holm Hansen Munthe est l’un des architectes les plus emblématiques du style Drakstil. Il a notamment conçu le pavillon norvégien pour l’Exposition universelle de Paris en 1889, une œuvre qui combine habilement les éléments traditionnels avec des innovations architecturales. Ce pavillon est considéré comme un chef-d’œuvre du Drakstil, illustrant parfaitement l’esprit du mouvement.
Bien que le Drakstil soit profondément ancré dans le patrimoine scandinave, il n’est pas imperméable aux influences extérieures. Le mouvement de l’Art nouveau, par exemple, a laissé sa marque sur l’évolution du Drakstil. Les formes plus fluides et les motifs végétaux apparaissent dans certaines constructions, témoignant d’une ouverture à l’exploration de nouvelles formes artistiques. Cependant, malgré ces influences, l’essence du style architectural Drakstil reste fidèle à ses origines nordiques.
Le déclin et l’héritage du Drakstil
Le Drakstil connaît un déclin après les années 1920, avec l’essor du fonctionnalisme en architecture, qui privilégie la simplicité et la fonctionnalité au détriment de l’ornementation. Néanmoins, le Drakstil laisse une marque indélébile sur l’architecture scandinave. Aujourd’hui, il est reconnu comme un mouvement qui a su capturer l’esprit de son époque tout en célébrant le riche héritage culturel de la région. Le Drakstil demeure une expression architecturale unique, symbole de l’identité nationale scandinave.
Ce style continue d’inspirer les architectes et designers, tant par son esthétique que par son ancrage dans les traditions locales, et il reste un témoignage vibrant de l’époque où les nations scandinaves cherchaient à réaffirmer leur place dans le monde, tout en célébrant leur histoire et leur mythologie.