L’architecture coloniale de Malabo

Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, est située sur l’île de Bioko, au large des côtes du Cameroun. Fondée en 1827 par les Britanniques sous le nom de Port Clarence, elle est ensuite passée sous domination espagnole en 1843. Cette présence ibérique, qui s’est prolongée jusqu’à l’indépendance en 1968, a marqué l’organisation urbaine, les méthodes de construction et l’esthétique des bâtiments.

Le climat équatorial, caractérisé par une chaleur constante et une humidité élevée, a influencé la façon dont les architectes et artisans ont adapté les modèles européens. Les maisons et édifices administratifs ont été conçus pour résister aux pluies abondantes, aux vents marins et aux variations de température.

Organisation urbaine et implantation des bâtiments

Le plan de Malabo hérite des tracés géométriques espagnols : rues rectilignes, îlots de taille régulière et présence d’une place centrale accueillant les édifices religieux et administratifs. Cette structure facilite la circulation et la ventilation naturelle, tout en offrant des repères visuels. Les quartiers anciens, notamment autour de la cathédrale Santa Isabel, conservent encore des alignements de maisons coloniales aux façades bien entretenues, alternant entre couleurs vives et enduits blancs.

La proximité entre zones résidentielles, commerciales et administratives témoigne d’une conception urbaine compacte, où les fonctions s’articulent autour de points stratégiques : port, marché central et lieux de culte. Cela favorise des déplacements courts et une forte interaction entre les habitants.

Caractéristiques architecturales des maisons coloniales

Les maisons coloniales de Malabo possèdent une combinaison d’éléments décoratifs européens et de solutions techniques adaptées au climat insulaire. On retrouve plusieurs traits communs :

  • Structure en maçonnerie : les murs porteurs sont généralement en briques ou en blocs de pierre liés à la chaux, garantissant une solidité et une certaine inertie thermique.
  • Toiture à deux ou quatre pentes : couvertes de tuiles ou de tôles ondulées, elles offrent une évacuation rapide des eaux pluviales et contribuent à la durabilité de l’édifice.
  • Vérandas et galeries couvertes : elles forment une transition entre l’intérieur et l’extérieur de l’habitation coloniale, créant des zones ombragées propices à la ventilation.
  • Ouvertures généreuses : fenêtres hautes, souvent à persiennes, permettant de réguler la lumière et la circulation d’air à l’intérieur de la bâtisse tout en protégeant des pluies.
  • Décor sobre : corniches moulurées, garde-corps en fer forgé, menuiseries peintes.

Ces maisons coloniales de Malabo ont un rapport équilibré entre confort thermique et durabilité.

grande maison coloniale à Malabo

Matériaux et techniques de construction

La majorité des édifices coloniaux de Malabo a été bâtie avec des matériaux locaux combinés à des éléments importés d’Espagne ou d’autres colonies. Les murs utilisent la pierre basaltique de l’île, résistante et abondante, associée à un mortier à base de chaux. Les charpentes des bâtiments sont en bois dur tropical, tel que l’iroko, naturellement résistant aux insectes et à l’humidité.

Les couvrements en tuiles d’argile ont progressivement été remplacés, au XXe siècle, par la tôle galvanisée plus légère et moins coûteuse, bien qu’elle modifie le confort thermique. Les sols sont souvent carrelés de céramique, un choix hygiénique et pratique face à l’humidité ambiante.

Les bâtiments publics et religieux emblématiques

Parmi les constructions coloniales marquantes de Malabo, certains édifices ont une valeur symbolique et patrimoniale forte, représentant des repères historiques et architecturaux pour la ville :

  • La cathédrale Santa Isabel : édifiée entre 1897 et 1916 dans un style néo-gothique, elle est reconnaissable à ses deux flèches élancées et à sa façade en pierre claire.
  • L’ancien palais du gouverneur : aujourd’hui siège de la présidence, il reflète le style administratif colonial espagnol, avec ses proportions symétriques et ses galeries périphériques.
  • Les bâtiments scolaires et administratifs : construits au début du XXe siècle, ils combinent des structures en maçonnerie et des dispositifs climatiques tels que claustras et persiennes.

Ces constructions étaient pensées pour affirmer la présence du pouvoir colonial tout en répondant aux exigences d’un climat tropical. Elles traduisaient la volonté d’imposer un style architectural européen tout en intégrant des adaptations locales. Les choix de matériaux, de proportions et d’implantation tenaient compte des conditions de vie sur l’île. Aujourd’hui, ces bâtiments témoignent de cette période.

Adaptations climatiques et innovations

Les bâtisseurs ont intégré des solutions spécifiques pour rendre les habitations vivables toute l’année :

  • Hauteurs sous plafond importantes : favorisent la dissipation de la chaleur.
  • Toits débordants : protègent les murs et les ouvertures des pluies battantes.
  • Systèmes de ventilation croisée : implantation des ouvertures sur plusieurs façades pour favoriser la circulation d’air. Cela permet de réduire la chaleur intérieure et l’humidité ambiante.
  • Espaces tampons : vérandas et galeries servant de zone intermédiaire pour limiter les échanges thermiques. Ils améliorent le confort intérieur tout en protégeant les pièces principales.

Ces choix traduisent une adaptation progressive des normes européennes aux contraintes locales.

Où voir des maisons coloniales à Malabo ?

Le quartier de Malabo 1 concentre encore plusieurs ensembles de maisons coloniales, héritées de la période espagnole. Dans le centre historique, vous verrez des rues bordées de bâtiments à un ou deux niveaux, reconnaissables à leurs façades enduites, leurs toits à forte pente et leurs galeries couvertes. On y observe aussi des demeures plus imposantes, autrefois occupées par des fonctionnaires ou des commerçants, qui présentent des garde-corps en fer forgé et des menuiseries anciennes.

Malabo 1 abrite également des édifices administratifs et religieux datant du début du XXe siècle, dont certains sont encore utilisés dans leurs fonctions d’origine. Les visiteurs attentifs remarqueront la variété des teintes appliquées sur les façades, allant du blanc cassé traditionnel aux couleurs vives typiques de la région. Bien que certaines constructions aient été rénovées ou transformées, l’ensemble conserve une trame urbaine et une ambiance architecturale qui témoignent directement de l’époque coloniale.

petite maison coloniale à Malabo

L’architecture domestique dans les quartiers populaires

Au-delà des grands édifices, l’architecture coloniale s’exprime aussi dans des maisons de taille modeste : logements de plain-pied, couverts de tôle, avec une galerie en façade et un plan rectangulaire. Ces habitations, bien que plus simples, reprennent les principes de ventilation et de protection solaire des maisons bourgeoises. Dans les quartiers périphériques, la persistance des maisons en bois et tôle s’explique par leur coût réduit et la rapidité de construction. Elles permettent d’abriter rapidement une famille, avec des possibilités d’agrandissement au fil du temps selon les moyens disponibles.

Si les constructions modernes de Malabo utilisent principalement le béton et le verre, on retrouve dans certaines villas récentes des références à l’architecture coloniale : galeries couvertes, toits à forte pente, utilisation de couleurs vives et détails en ferronnerie. Ces réinterprétations montrent que l’héritage colonial continue d’inspirer, même dans un contexte de modernisation rapide.

L’architecture coloniale de Malabo est un dialogue entre héritage européen et adaptation au climat équatorial. Des bâtiments emblématiques aux maisons plus modestes, elle conserve une valeur patrimoniale et identitaire forte. Sa préservation passe par un équilibre entre développement urbain et respect des savoir-faire, afin que ce pan de l’histoire de Bioko reste visible dans le paysage urbain.

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