Cette ancienne maison coloniale sur l’île de Bioko se situe en plein centre de la capitale de la Guinée Équatoriale, Malabo. Découvrez d’autres maisons coloniales à Malabo sur l’île de Bioko.
Cette demeure reflète l’influence architecturale européenne importée pendant la période coloniale espagnole tout en intégrant des adaptations au climat équatorial. Son état actuel, marqué par le temps et les usages successifs, n’empêche pas de lire la qualité de son architecture d’origine.
Une composition asymétrique dominée par une tour
Cette maison se distingue par sa tour centrale à toit pyramidal, qui lui donne un caractère presque institutionnel. Cette verticalité servait autrefois à surveiller le littoral et profiter des vents marins, plus frais. Le plan est irrégulier, organisé autour de volumes imbriqués, avec une façade principale dotée d’un étage en avancée. Les ouvertures sont verticales et rythmées, typiques de l’architecture coloniale de Malabo de la fin du XIXᵉ siècle, avec des encadrements en relief et une maçonnerie apparente.
Les matériaux employés révèlent une architecture pragmatique : pierres locales pour la base, briques enduites pour les étages, chaînages d’angles et modénatures peintes en contraste. La toiture en tôle à large débord protège les murs de la pluie tropicale et limite l’ensoleillement direct.
Une façade conçue pour le climat tropical humide
Au-delà de son esthétique, cette maison illustre l’adaptation des colons européens aux conditions équatoriales de Bioko. Les galeries couvertes qui longent les façades au premier niveau permettent de circuler à l’abri de la pluie et d’ombrager les pièces intérieures. L’étage inclut une véranda fermée en bois, appelée autrefois « galerie climatique », destinée à favoriser la ventilation par tirage naturel. Les persiennes assuraient une aération continue tout en protégeant de l’humidité et des insectes.
L’ossature mixte pierre/bois et les hauts plafonds permettaient à la chaleur de se dissiper vers le haut. Les planchers ventilés limitaient la remontée d’humidité du sol, fréquente sur cette île volcanique au climat très humide. Cela garantissait un confort thermique remarquable sans recours à la climatisation.
Témoignage d’un paysage urbain en mutation
Cette maison est l’un des rares exemples de l’habitat colonial encore visible à Malabo hors du centre administratif. Elle présente les mêmes caractéristiques que d’autres bâtiments historiques proches du port ou du quartier de l’ancienne ville : grand balcon continu, charpente légère, rythme régulier des baies. Elle témoigne aussi de l’évolution urbaine actuelle : transformations fonctionnelles du rez-de-chaussée en commerces, ajouts techniques (antennes, climatiseurs), réseau électrique aérien envahissant.
Bien qu’elle ne soit pas restaurée, elle conserve une valeur patrimoniale forte. Elle incarne un pan de l’histoire architecturale de la Guinée équatoriale, entre influences ibériques et adaptations africaines. Sa conservation soulève aujourd’hui la question de la sauvegarde du bâti ancien à Malabo.