Capitale et principale ville de Guinée, Conakry porte encore, çà et là, les traces visibles de la période coloniale française. Si le tissu urbain actuel se compose majoritairement de constructions récentes, quelques édifices et villas rappellent l’esthétique et les ambitions architecturales de l’époque.
Un contexte historique particulier
Conakry est devenue capitale de la Guinée française en 1904. Située sur la presqu’île de Kaloum, elle s’est d’abord développée autour d’un noyau administratif et portuaire.
Contrairement à certaines capitales d’Afrique de l’Ouest où l’urbanisme colonial a laissé des quartiers entiers intacts, la ville a connu de nombreuses transformations, notamment après l’indépendance en 1958. La modernisation rapide et le manque d’entretien des anciens bâtiments ont malheureusement conduit à la disparition de nombreux exemples authentiques d’architecture coloniale de l’époque.
Les caractéristiques de l’architecture coloniale locale
L’architecture coloniale à Conakry mêlait trois influences principales :
- Le style administratif français : bâtiments massifs, symétriques, construits en maçonnerie, avec balcons filants et toits en tôle ondulée à forte pente pour évacuer les pluies tropicales.
- Les adaptations climatiques : larges auvents, hautes fenêtres à persiennes, galeries couvertes et vérandas ombragées permettaient de ventiler naturellement les intérieurs.
- L’intégration de matériaux locaux : utilisation ponctuelle de bois locaux pour les charpentes, et d’éléments décoratifs inspirés des motifs traditionnels ouest-africains.
Ces caractéristiques se retrouvaient aussi bien dans les bâtiments administratifs que dans les villas résidentielles destinées aux fonctionnaires ou commerçants européens.
Les principaux vestiges visibles aujourd’hui
La case d’Olivier de Sanderval
Située à proximité du Musée national de Sandervalia, cette maison de 1897 est l’une des plus anciennes constructions coloniales conservées. Classée monument historique, elle illustre les premières installations européennes en Guinée, avec ses murs en briques et son plan simple centré sur une grande galerie.

La gare centrale de Conakry
Édifiée en 1903, elle témoigne du rôle stratégique du chemin de fer Conakry–Niger. Sa façade symétrique et ses hautes baies vitrées rappellent les gares françaises de la même époque, mais adaptées au climat tropical. Aujourd’hui, elle n’accueille plus de voyageurs mais conserve une forte valeur patrimoniale.

Les villas et demeures isolées
On trouve encore, dispersées dans le quartier de Kaloum et sur certaines avenues anciennes, quelques villas de style colonial ou néo-colonial, comme cette villa de syyle colonial. Elles présentent souvent un étage, un balcon périphérique et un toit à quatre pans. Certaines sont aujourd’hui occupées par des institutions ou des familles influentes, tandis que d’autres sont laissées à l’abandon.

Disparition et transformations
La rareté des maisons coloniales intactes à Conakry s’explique par plusieurs facteurs :
- Manque d’entretien après l’indépendance, entraînant une dégradation rapide.
- Pression foncière dans les zones centrales, incitant à la démolition et à la construction de bâtiments modernes plus hauts. Cela a fortement accéléré la disparition des édifices anciens.
- Absence de politique de conservation stricte jusqu’à récemment.
De nombreuses anciennes villas coloniales de Conakry ont été transformées ou reconstruites en conservant seulement quelques éléments décoratifs d’origine, créant ainsi un style hybride.
Héritage et mémoire
À Conakry, l’architecture coloniale ne forme pas un quartier historique homogène, mais se compose plutôt de quelques bâtiments isolés et dispersés dans la capitale. Leur valeur est à la fois historique et architecturale, car ils reflètent les premiers développements urbains de la ville ainsi que les échanges culturels (parfois contraints) entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest.
Des initiatives locales et internationales commencent à s’intéresser à la préservation de ces édifices, notamment à travers des projets de restauration et de mise en valeur touristique. Si elles aboutissent, elles pourraient redonner à Conakry un fragment visible de son patrimoine colonial, au même titre que d’autres villes ouest-africaines comme Saint-Louis du Sénégal ou Grand-Bassam en Côte d’Ivoire.