Nichée au cœur de Portobello, quartier côtier prisé d’Édimbourg, cette villa géorgienne classée a récemment connu une métamorphose exemplaire. Longtemps utilisée comme cabinet dentaire, la maison était restée figée dans un usage fonctionnel, au détriment de son potentiel résidentiel. Grâce à l’intervention (très réussie) d’AGORA architecture + design, le bâtiment a retrouvé sa vocation initiale : une demeure familiale chaleureuse, lumineuse et respectueuse de son histoire.
Une maison au passé singulier
Située dans une zone de conservation, cette maison de grade B avait été modifiée au fil du temps. Des extensions anciennes à l’arrière et sur les côtés avaient morcelé l’espace intérieur en une série de pièces cloisonnées, peu adaptées à la vie de famille. Ironie du sort, son ancien usage professionnel avait eu le mérite de préserver de nombreux éléments d’origine : cachés, mais intacts.
Les nouveaux propriétaires, un couple avec deux enfants, ont formulé un souhait clair : faire de cette maison patrimoniale un lieu de vie adapté aux usages actuels, sans trahir son âme. Le projet a donc consisté à éliminer les ajouts discordants, retrouver l’intégrité architecturale de l’ensemble et y intégrer des volumes contemporains ouverts sur le jardin et propices à une famille.


Rouvrir l’espace, reconnecter les usages
Le cœur de l’intervention repose sur la transformation des espaces de vie au rez-de-chaussée. L’ancienne cuisine, reléguée à une pièce secondaire, a été réimaginée comme un espace central, convivial et fonctionnel. Pour y parvenir, AGORA a supprimé une ancienne extension utilitaire afin de créer un nouvel espace de cuisine et salle à manger largement vitré, directement connecté au jardin.
Ce choix structurel permet de gagner en luminosité, et de donner une respiration naturelle à l’ensemble. Les grandes baies coulissantes et fenêtres en bois massif assurent une continuité visuelle entre l’intérieur et l’extérieur. Le seuil de cette extension s’efface presque, créant une impression d’être dans la verdure, renforcée par un jardin potager surélevé installé juste à l’extérieur de la fenêtre principale.

Restauration minutieuse des éléments d’origine
Derrière cette modernisation maîtrisée se cache un travail d’orfèvre sur les éléments patrimoniaux. Le sol d’origine en pierre, recouvert de couches de béton, a été découvert, nettoyé et repositionné. Les corniches en stuc des pièces principales, la rampe en fer forgé de l’escalier, les volets intérieurs en bois, les plinthes et les cheminées ont été restaurés dans le respect des matériaux et techniques traditionnels.
Il ne s’agit pas ici d’un pastiche : l’intervention sait où s’arrêter. Les traces du temps sont respectées, les réparations visibles mais intégrées avec élégance. La maison assume pleinement son âge, tout en affichant des finitions soignées.


Un confort moderne discrètement intégré
Un autre défi a été celui de la performance énergétique. La structure ancienne, avec ses murs épais et ses menuiseries d’époque typiques des maisons géorgiennes d’Irlande ou d’Écosse, n’offrait que peu d’isolation. Pour remédier à cela sans altérer l’esthétique, des isolants thermiques ont été discrètement insérés dans les planchers, les combles, et sur les murs sans corniche décorative.
Les fenêtres en façade, trop endommagées pour être conservées, ont été remplacées par des modèles sur mesure à double vitrage mince, reproduisant fidèlement le profil des châssis géorgiens. À l’arrière, les ouvertures d’origine ont été préservées et dotées d’un système d’étanchéité renforcé. Ce compromis permet à la maison de répondre aux exigences thermiques tout en conservant son authenticité.

Optimisation des volumes annexes
La rénovation ne s’est pas arrêtée aux seules pièces principales. Une extension latérale a été repensée pour accueillir une salle d’eau au rez-de-chaussée. Son sol a été rehaussé afin d’harmoniser les niveaux, tout en intégrant des rangements techniques invisibles : buanderie, chaudière, espaces de stockage.
À l’étage, la chambre parentale s’est enrichie d’une salle d’eau, dissimulée derrière un dressing. Ce jeu d’espaces imbriqués permet d’ajouter du confort sans encombrer l’ambiance des pièces de nuit.


Une approche durable et contextuelle
AGORA architecture + design a su conjuguer savoir-faire technique et respect du contexte historique. Cabinet reconnu en Écosse pour ses interventions sensibles sur le bâti ancien, il est membre de la Royal Institute of British Architects (RIBA), de la Royal Incorporation of Architects in Scotland (RIAS), et de la Scottish Ecological Design Association (SEDA). Une attention est portée à la durabilité : matériaux durables, valorisation du réemploi, performances thermiques améliorées sans sacrifier le cachet d’origine.
Ce projet démontre qu’il est possible de concilier patrimoine et usages contemporains, tradition et sobriété énergétique. Loin d’une rénovation standardisée, cette intervention à Portobello témoigne d’un dialogue constant entre passé et présent, entre matières anciennes et gestes modernes.







