L’architecture des Bahamas est sévèrement limitée car il n’y a pas de véritables bâtiments existants depuis l’époque précolombienne. Même les premiers colons ont laissé peu de traces puisque la plupart des architectures anciennes étaient faites à partir de bois ou d’autres ressources locales qui ont été perdues à travers le temps. Ce n’est que dans les années 1700 et au début des années 1800 que des bâtiments durables ont été construits. Parmi ces premiers édifices, les plus célèbres sont les maisons Clapboard.
Ce type de maison est couvert de parements horizontaux en bois, appelés clapboards. Le mot « clapboard » est dérivé du mot néerlandais « klappen », qui signifie « partager / diviser ». Le parement en bois est épais sur un bord et étroit sur l’autre. Le clapboard était le type prédominant de revêtement utilisé au 17ème et 18ème siècle en Amérique. Ces maisons des Bahamas sont très fonctionnelles, car elles reposent sur des petits pilotis pour éviter les inondations et permettre un plus grand débit d’air;
Elles ont également de grandes fenêtres pour permettre une meilleure circulation de l’air et un mécanisme de refroidissement naturel. Bien que le style continue d’être construit aujourd’hui, les maisons Clapboard des Bahamas les plus anciennes se trouvent sur Harbour Island (une île des Bahamas située au nord de l’île d’Eleuthera) et, dans une moindre mesure, à Spanish Wells et Green Turtle Cay.
La maison clapboard est l’un des styles tropicaux les plus copiés à travers le monde et elle a influencé ce qui est aujourd’hui connu sous le nom de la maison Conch. Ces habitations sont construites à partir de planches de bois, qui ont les extrémités fixées plutôt que clouées, puis fixées à des piliers de pierre au-dessus du sol. Elles ont survécu à des ouragans lorsque des structures en pierre se sont effondrées.



Caractéristiques architecturales et adaptations climatiques
La maison clapboard des Bahamas se distingue par son ingénieuse adaptation au climat insulaire. Les planches de bois posées horizontalement ne sont pas qu’un choix esthétique : ce système permet à la structure de mieux résister aux pluies abondantes et aux vents forts, typiques des ouragans atlantiques. Souvent peintes dans des teintes pastel (rose, bleu pâle, vert d’eau), ces maisons reflètent la lumière et la chaleur, contribuant à maintenir une certaine fraîcheur à l’intérieur. Les larges toits à faible pente débordent sur les façades pour protéger les murs du soleil et des intempéries, tandis que les galeries ou vérandas prolongent l’espace de vie et créent un tampon naturel contre la chaleur.
La ventilation naturelle est un autre aspect clé : la plupart des maisons clapboard disposent de persiennes, de volets intérieurs et de fenêtres opposées permettant la circulation croisée de l’air. Les planchers surélevés non seulement protègent contre les inondations et l’humidité, mais facilitent aussi le refroidissement de la maison par-dessous. Cette architecture légère et astucieuse, bien qu’inspirée de modèles américains et britanniques, a été ajustée aux contraintes tropicales : simplicité des volumes, accessibilité des matériaux, robustesse face au climat et souci du confort thermique.

Héritage, transmission et mutations contemporaines
Au fil des siècles, la maison clapboard a évolué, influençant de nombreux courants architecturaux locaux et caribéens. L’apparition de la maison Conch, par exemple, n’est qu’une déclinaison plus tardive de ce modèle : mêmes parements horizontaux, mêmes vérandas, mais adaptation progressive à la vie urbaine, avec des dimensions plus compactes ou des ajouts de béton.
Aujourd’hui, si les villages de Harbour Island ou de Spanish Wells offrent encore de superbes exemples de maisons clapboard historiques, les constructions neuves s’inspirent toujours largement de cet héritage. Les matériaux contemporains, comme le bardage en composite ou les fenêtres à double vitrage, cohabitent désormais avec la silhouette traditionnelle. Les réglementations anti-cycloniques ont par ailleurs renforcé les exigences de solidité : ancrages métalliques, toitures renforcées, vitrages sécurisés. Malgré ces évolutions, la maison clapboard demeure une icône du paysage bahaméen : elle incarne à la fois la mémoire des pionniers et l’adaptabilité permanente à un environnement insulaire exigeant.