Hanok : l’élégance de la maison traditionnelle coréenne

Hanok est un terme pour décrire les maisons traditionnelles coréennes. Les maisons hanok incarnent l’héritage architectural de la Corée. Élégantes, sobres et enracinées dans leur environnement, elles offrent un regard sur la façon dont l’architecture peut dialoguer avec la nature, les saisons et les habitudes de vie. Loin des constructions modernes standardisées, le hanok propose une autre approche de l’habitat : celle de l’harmonie, du respect des matériaux et d’un mode de vie centré sur l’humain.

L’hanok coréen amène le monde naturel à l’intérieur, ce qui permet à ses résidents humains de coexister pacifiquement avec la simplicité, la beauté et l’esprit de la nature. Les maisons traditionnelles coréennes tiennent compte des pratiques architecturales de la Corée et ont une longue histoire.

Ce modèle d’habitat, autrefois très répandu, suscite aujourd’hui un regain d’intérêt, tant chez les passionnés de patrimoine que chez les amateurs de design écologique. Voici pourquoi.

Une maison pensée pour les saisons coréennes

Le climat coréen, marqué par des hivers rigoureux et des étés humides, a façonné l’architecture du hanok. La structure repose sur une charpente en bois, un toit incurvé et un plancher partiellement surélevé. Chaque élément est pensé pour répondre aux contraintes météorologiques.

L’un des systèmes les plus emblématiques est l’ondol, un chauffage par le sol encore utilisé dans les habitations modernes. Des conduits de fumée, placés sous les dalles de pierre, chauffent progressivement les pièces à vivre. L’été, les galeries extérieures ouvertes (daecheong maru) assurent une ventilation naturelle. Ce jeu d’alternance entre espaces clos et ouverts permet une adaptation fine aux saisons.

Une structure modulaire, souple et cohérente

Un hanok est construit autour d’une ossature bois. Le plan est régulier, dicté par la géométrie du terrain et les règles du pungsu-jiri, l’équivalent coréen du feng shui chinois. Le bâtiment s’oriente selon les flux d’énergie, souvent face au sud, pour capter le soleil en hiver et s’en protéger en été.

Les murs sont composés de matériaux naturels : terre, chaux, papier de mûrier (hanji) ou pierre locale. Chaque élément est démontable, ce qui permet de modifier la configuration des pièces en cas de besoin. Les cloisons coulissantes en papier assurent une grande flexibilité d’usage tout en maintenant une ambiance lumineuse et feutrée. Cette légèreté structurelle favorise les réparations et les évolutions sans compromettre l’équilibre de l’ensemble. Les pièces peuvent ainsi s’adapter aux saisons ou aux besoins du moment. Cette modularité confère au hanok une étonnante capacité à durer sans se figer.

Une hiérarchie des espaces dictée par la culture

Le hanok ne se contente pas d’être une maison bien conçue. Il incarne aussi les valeurs sociales et philosophiques depuis des siècles. L’agencement intérieur reflète une organisation rigoureuse, fondée sur le respect des rôles, de l’âge et du genre, telle qu’enseignée par la pensée confucéenne. Chaque espace est porteur de sens et occupe une fonction précise dans la vie quotidienne des coréens.

La structure intérieure de la maison est prévue en conséquence. Ce principe est appelé Baesanimsu, ce qui signifie que la maison idéale est construite avec une montagne dans le dos et une rivière à l’avant.

Dans les demeures des familles lettrées ou aristocratiques (yangban), la répartition spatiale est marquée. Le sarangchae, réservé aux hommes, servait de lieu d’étude, de méditation ou de réception. Il était souvent situé à l’entrée ou un peu à l’écart, garantissant un retrait pour la réflexion. Le anchae, cœur du foyer, était réservé aux femmes, enfants et à la gestion domestique. Ces espaces n’étaient pas cloisonnés pour isoler, mais pour organiser la vie collective selon une logique symbolique et fonctionnelle.

La cuisine (bueok), souvent attenante à l’anbang (pièce des femmes), jouait un rôle central dans les maisons paysannes. Elle se trouvait en général à l’est, pour bénéficier du soleil du matin, et symbolisait le soin apporté au foyer. À l’opposé, les pièces de réception ou de repos profitaient de l’exposition sud, offrant lumière et chaleur. Le tout s’articulait autour d’une cour intérieure ouverte.

Dans les hanoks plus modestes, la distinction entre les sexes ou les fonctions est aussi présente, mais beaucoup moins rigide. On y trouve souvent une ou deux pièces chauffées par l’ondol, utilisées tour à tour pour dormir, manger ou recevoir. L’espace est également fluide, mais il obéit à une logique implicite : chaque pièce a une orientation, un usage, et une place dans l’équilibre général.

Cette hiérarchie spatiale ne visait pas à compartimenter la vie, mais à l’organiser avec subtilité. Elle traduisait un rapport au monde où chacun avait sa fonction, sa place et son intimité.

Matériaux naturels et beauté sobre

Le hanok mise sur des ressources locales et peu transformées. Le bois, surtout du pin, compose l’ossature et les poutres apparentes. La pierre soutient les fondations et protège de l’humidité. Le papier huilé couvre les portes et fenêtres pour tamiser la lumière sans assombrir l’intérieur.

Ce choix de matériaux permet une excellente régulation thermique et hygrométrique. Il participe aussi à l’ambiance apaisante de ces maisons, où tout est pensé pour offrir confort et sérénité, sans surcharge.

Voici quelques éléments caractéristiques d’un hanok traditionnel :

  • Le toit courbé aux tuiles en terre cuite (giwa), plus ou moins accentué selon le statut social du propriétaire
  • Les portes coulissantes en bois et papier (changhoji)
  • L’ondol, système de chauffage sous le plancher
  • Le daecheong maru, terrasse ouverte et ventilée
  • Le patio central, souvent bordé de fleurs ou de pierres
hanok à Gangneung en Corée du Sud
Hanok à Gangneung en Corée du Sud

Le hanok dans la ville contemporaine

Longtemps considéré comme dépassé, le hanok connaît aujourd’hui une renaissance. À Séoul, le quartier de Bukchon rassemble plusieurs centaines de maisons restaurées. Des cafés, musées, hôtels ou résidences d’artistes y voient le jour, prouvant que l’architecture traditionnelle peut s’intégrer dans la ville moderne.

Certains architectes coréens, comme Seung H-Sang ou Cho Byoung-soo, s’inspirent ouvertement du hanok dans leurs projets contemporains. Ils reprennent les principes fondamentaux (modularité, respect du site, ventilation naturelle) tout en les adaptant aux contraintes actuelles. La Corée du Sud a aussi mis en place des programmes de soutien à la rénovation des hanoks. Ces démarches visent à préserver un savoir-faire ancien tout en répondant à la demande croissante de logements durables.

Rénover ou s’inspirer du hanok en France

Adopter les principes du hanok ne nécessite pas de copier sa forme à l’identique. Ce qui peut inspirer un projet contemporain, c’est son bon sens constructif et sa cohérence écologique.

Voici quelques pistes pour transposer cet esprit dans une maison française :

  • Intégrer des matériaux biosourcés comme le bois massif, la terre crue ou le chanvre
  • Privilégier une orientation bioclimatique et une ventilation naturelle
  • Concevoir une circulation fluide autour d’un espace extérieur centralisé (cour ou jardin)
  • Installer un chauffage par le sol à basse température pour un confort diffus
  • Choisir des ouvertures modulables et un cloisonnement souple

Même dans une rénovation, il est possible d’insuffler une logique du hanok coréen traditionnel à travers la gestion de l’espace, l’optimisation de la lumière naturelle et le choix des textures.

Hanoks in Andong
Hanoks à Andong en Corée du Sud

Les principes de construction d’un hanok

Construire un hanok est un acte architectural empreint de symbolisme, de savoir-faire et d’observation attentive de l’environnement. Chaque hanok est unique, conçu pour s’adapter au terrain, à la direction des vents, à la lumière du soleil et à la fonction des pièces qu’il abrite.

Les bâtisseurs traditionnels, appelés daemokjang, suivent des règles précises transmises de génération en génération. Le tracé, l’emplacement et la structure dépendent d’une lecture fine du pungsu-jiri, l’art coréen de l’orientation du lieu, équivalent du feng shui. On y cherche la protection des montagnes, l’ouverture vers le sud, et la proximité d’un point d’eau, tous considérés comme sources d’équilibre.

Le chantier d’un hanok suit une progression ancestrale et méthodique, où l’humain, la terre et le climat guident les choix. Voici les principales étapes et particularités techniques :

  • Préparation du site : le terrain est choisi pour sa stabilité, sa bonne exposition et son énergie bénéfique selon le pungsu. Chaque détail du paysage est pris en compte.
  • Fondations en pierre : posées à sec ou à l’aide d’un mortier naturel, elles surélèvent la maison pour l’isoler de l’humidité. Elles assurent également la ventilation du sol.
  • Ossature en bois massif : assemblée sans clous, à l’aide de tenons et mortaises, elle garantit souplesse et solidité. Ce montage permet de mieux résister aux séismes.
  • Pose du toit incurvé : les tuiles en terre cuite (giwa) sont placées sur une charpente légère qui répartit le poids. La courbure favorise l’évacuation rapide de la pluie.
  • Cloisons et portes en papier huilé (hanji) : montées sur des cadres en bois, elles filtrent la lumière tout en laissant respirer l’air. Elles créent une ambiance douce et tamisée.
  • Sol chauffant (ondol) : les conduits de fumée sont intégrés sous les dalles en pierre, raccordés à un foyer extérieur. Le système assure une chaleur uniforme et durable.
  • Finitions naturelles : peinture végétale, enduits à la chaux, éléments décoratifs sobres et symboliques complètent l’ensemble. Chaque détail reflète une esthétique sobre et maîtrisée.

Chaque hanok respecte une logique artisanale, où la précision des gestes remplace les moyens industriels. Le bâtiment est pensé pour durer, se réparer facilement et rester en dialogue avec son environnement. C’est cette exigence qui fait la singularité du hanok face à d’autres formes d’habitat.

Un art de vivre à part entière

Le hanok n’est pas une simple maison traditionnelle coréenne bâtie pour abriter. C’est une manière d’habiter, de ressentir l’espace et de vivre en harmonie avec ce qui nous entoure. Chaque composant du hanok (du toit aux fondations, des portes coulissantes à la cour intérieure) reflète une attention pensée et minutieuse portée au confort, à l’équilibre et à la beauté sans ostentation.

Vivre dans un hanok, c’est adopter un rythme plus lent, en accord avec les saisons. L’hiver, on profite de la chaleur douce de l’ondol, tandis que l’été invite à se poser sur le daecheong maru, cette terrasse en bois ventilée qui surplombe généralement un petit jardin aménagé avec attention et goût. L’alternance entre intérieur et extérieur, entre espaces chauffés et aérés, incite à écouter la nature plutôt qu’à la dominer. La maison coréenne se transforme au fil du jour et de la météo, sans jamais contraindre.

C’est également un mode de vie fondé sur la sobriété choisie. L’intérieur d’un hanok n’est jamais chargé. Les objets ont une place, les meubles sont peu nombreux, souvent mobiles, et les matériaux naturels créent une atmosphère chaleureuse sans artifice. Ce dépouillement n’est pas une absence, mais une invitation à la contemplation et à la simplicité. Le vide y est valorisé autant que le plein.

Le hanok enseigne que le confort peut naître d’une conception intelligente plutôt que de technologies invasives. Il propose une relation apaisée à l’espace, au temps, et à soi-même. Pour repenser son habitat, non comme une accumulation d’objets mais comme un cadre de vie en lien avec des besoins réels, le hanok offre une source d’inspiration précieuse, à la fois sobre, durable et profondément humaine.

2 réflexions au sujet de “Hanok : l’élégance de la maison traditionnelle coréenne”

  1. Pour l’info, Andong est une région aussi de la Corée du sud pas Corée du nord.

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