Uplistsikhé : la cité troglodyte qui domine la vallée de la Mtkvari

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Uplistsikhé : la cité troglodyte qui domine la vallée de la Mtkvari
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Vous marchez sur une dalle de grès, taillée à vif par des mains anonymes. Le vent remonte la vallée de la Mtkvari. À vos pieds, une rue creusée dans la roche, des pièces voûtées, des niches, des escaliers. Au sommet, une basilique en brique et pierre se détache sur le ciel. C’est Uplistsikhé, littéralement la "forteresse du seigneur". Le nom circule avec ou sans accent, mais sur les panneaux géorgiens vous lirez surtout "Uplistsikhe". L’essentiel, c’est le lieu. Il raconte quinze siècles d’occupation continue, des cultes préchrétiens à l’implantation du christianisme, puis le déclin après les raids médiévaux.

Où se trouve Uplistsikhé et à quoi ressemble le site ?

Où se trouve Uplistsikhé et à quoi ressemble le site ?

Uplistsikhé s’étire sur un éperon rocheux qui domine la rive gauche de la Mtkvari, à une dizaine de kilomètres de Gori, dans la région de Shida Kartli. Le site couvre environ huit hectares. Il est organisé en trois zones étagées dans la falaise : la partie basse au sud, la partie centrale et le plateau supérieur. Une ruelle principale entaille le grès et distribue un lacis de couloirs, d’escaliers et de salles.

Certaines salles sont lisses et nues. D’autres imitent des plafonds à caissons et des poutres en bois, sculptées directement dans la roche. On y voit des bancs, des niches, des bas-reliefs sobres. La topographie a servi de rempart naturel, renforcé autrefois par des fossés au nord et à l’est. La rivière fermait l’accès au sud. Un tunnel d’environ trois mètres assurait l’eau et la fuite en cas de siège.

Chronologie du site troglodyte

Chronologie du site troglodyte

Les premières traces humaines sur ce site troglodyte de Gori remontent à la fin du IIe millénaire avant notre ère. Le cœur des aménagements visibles date surtout du Ier millénaire avant notre ère jusqu’aux premiers siècles de notre ère. Après la conversion du royaume de Kartli au IVe siècle, Uplistsikhé perd de l’influence face à Mtskheta, puis Tbilissi. Pourtant, la ville rocheuse reste encore habitée et se renforce même du VIIIe au Xe siècle, quand Tbilissi est sous domination arabe.

Au sommet, une basilique à trois nefs en brique et pierre, dite Uplistsulis Eklesia, s’élève aux IXe-Xe siècles. Le déclin est brutal après les incursions mongoles des XIIIe-XIVe siècles. Le lieu sert alors d’abri temporaire en cas de danger. Une partie fragile a encore été détruite par un séisme en 1920.

Ce que vous verrez sur place

Ce que vous verrez sur place

Vous passerez d’abord par la partie sud, la plus ancienne. Un grand hall cérémoniel ouvre sa façade par un arc « à la romaine » avec fronton. À l’intérieur, des banquettes de pierre longent les murs. Plus haut, un « palais » taillé, reconnaissable à ses deux piliers centraux, montre un siège de chef creusé dans la masse. Les plafonds à caissons, qui reproduisent la trame d’un plafond en bois, surprennent. Ils parlent de la mémoire des charpentes, transposée dans la pierre. Dans les salles latérales, des niches pourraient avoir servi d’autels, de lampes à huile ou de rangements rituels.

Vous remarquerez aussi des traces très concrètes de la vie domestique. Des cavités arrondies identifient des jarres encastrées. On devine des foyers au sol, des caniveaux, des pas d’escalier usés. La ville creusée n’était pas un décor. C’était un tissu habité, avec des fonctions civiles, religieuses et de stockage. Les archéologues ont retrouvé des bijoux en or, argent et bronze, des céramiques et des fragments de sculpture. Une partie est conservée au Musée national de Géorgie, à Tbilissi.

Paganisme et christianisme, côte à côte

Paganisme et christianisme, côte à côte

La visite fait sentir la superposition des cultes. Des espaces liés à des rituels préchrétiens subsistent dans les parties anciennes. Ils côtoient des structures chrétiennes, dont la basilique troglodytique du VIe siècle, en grande partie taillée, et l’église sommitale des IXe-Xe siècles. Dans ce paysage, le syncrétisme ne se lit pas dans de grands gestes symboliques, mais dans la continuité d’usage des pièces, adaptées au nouveau culte. Cette cohabitation, assez rare à cette échelle en Géorgie, explique l’intérêt scientifique du site.

Un mot sur le nom et la prononciation

Un mot sur le nom et la prononciation

Uplistsikhé s’écrit souvent sans accent dans les ressources anglophones. En français, l’usage avec accent "Uplistsikhé" circule également. Mais le sens ne change pas : "Uplis" renvoie au seigneur, "tsikhé" à la forteresse. La toponymie locale rend le "kh" plus guttural que dans nos langues romanes. Sur place, n’hésitez pas à dire "Ouplistsikhé". Les guides comprendront.

Comment on y va et quand y aller ?

Comment on y va et quand y aller ?

Depuis Gori, comptez une vingtaine de kilomètres. On vient en taxi, en minibus ou en tour privé. La route est courte et la marche finale demande des chaussures avec une semelle qui accroche. Par temps de pluie, le grès poli devient glissant. Le vent souffle fort sur l’escarpement, surtout en fin d’après-midi. En plein été, visez le matin pour éviter la réverbération et la chaleur de la pierre. Les mois cléments d’avril-mai et septembre-octobre offrent une lumière douce pour les photos et une fréquentation plus calme.

Quelques conseils pour la visite

Quelques conseils pour la visite

Avancez lentement entre chaque maison troglodyte d'Uplistsikhé et regardez les sols. Les rigoles taillées dans la pierre ne sont pas des fissures banales. Elles organisent l’écoulement des eaux et protègent les salles. Faites une pause sous la basilique sommitale. Le panorama éclaire la logique du site : la rivière, la voie ancienne de la vallée, les collines qui ferment l’horizon. Vous comprendrez pourquoi une communauté a choisi cette endroit. Elle contrôlait le passage et rendait l’attaque coûteuse.

Suivez également la rue principale, puis explorez par touches. Les pièces s’ouvrent par enfilade. Certaines ont un plafond bas, d’autres un dôme écrasé. La variété répond à l’usage et à la structure. Un hall de réception ne s’assemble pas comme une réserve à grain. Cette logique sobre fait le charme d’Uplistsikhé.

Ce qu’on sait grâce aux recherches et aux restaurations

Ce qu’on sait grâce aux recherches et aux restaurations

Uplistsikhé figure sur la liste indicative de l’UNESCO depuis 2007. Cette étape ne garantit pas une inscription, mais elle reconnaît l’intérêt patrimonial du lieu et encourage les études et la conservation.

Au tournant des années 2000, un programme appuyé par le gouvernement géorgien et la Banque mondiale a visé la stabilisation des zones les plus vulnérables. L’objectif était de limiter les pertes liées à l’érosion, au ruissellement et aux micro-séismes, en gardant l’authenticité des volumes taillés. Les travaux ont aussi suivi l’alerte lancée après le séisme de 1920, qui avait fait disparaître des pans de parois.

Ce que les objets racontent

Ce que les objets racontent

Les bijoux et la céramique signalent des échanges. Les formes et les alliages renvoient à des influences d’Anatolie et d’Iran. Ce n’est pas une surprise : la vallée de la Mtkvari est un corridor ancien. Uplistsikhé a capté ce flux et l’a utilisé. On ne vit pas quinze siècles sur un éperon rocheux par isolement. On le fait par adaptation, par commerce et par alliances. Les musées, en montrant une boucle d’oreille en or ou un fragment de vase, redonnent une voix aux personnes qui ont taillé ces salles.

Anecdote de terrain

Anecdote de terrain

Un guide de Gori raconte avoir emmené un groupe un jour de grand vent. Arrivés dans le hall aux piliers, personne ne parlait. On entendait un sifflement précis, comme une flûte. Le son venait du tunnel latéral, comprimé par la gorge rocheuse. Les personnes ont levé la tête. Elles ont vu les caissons du plafond, imitant une charpente invisible. "C’est la maison qui respire", a-t-il dit. La formule fait sourire, mais elle explique bien l’impression ressentie : Uplistsikhé n’est pas un simple empilement de cavités. C’est une architecture complète, avec ses codes, ses parcours, ses points de vue.

Pourquoi ces maisons troglodytes fascinent encore ?

Pourquoi ces maisons troglodytes fascinent encore ?

Elles surprennent d’abord par l’intelligence constructive. Creuser, c’est choisir les pleins et les vides. Il faut anticiper le poids, l’eau, le vent. Les salles montrent une économie de moyens : un pilier quand il faut, une banquette qui raidit le mur, un plafond bas pour garder la chaleur. Elles intriguent aussi par la souplesse d’usage. Un même volume a pu changer de fonction au fil des siècles, du rituel à la réserve, de la réserve à la cuisine, puis à l’abri. Cette plasticité parle à nos besoins actuels : comment réutiliser sans dénaturer.

Vous vous interrogerez peut-être sur le confort. Les nuits d’hiver sont froides. Les feux enfumeraient les pièces. Pourtant, la pierre épaisse filtre les écarts. On travaillait le jour dehors, on dormait groupé, on cuisait près des ouvertures. Des détails comme les niches à lampes, les rigoles et les pentes discrètes indiquent une attention pratique. Là encore, rien d’ornemental gratuit. Tout sert une fonction.

Quelques parallèles utiles

Quelques parallèles utiles

Si vous connaissez Vardzia, un monastère creusé plus au sud, vous noterez la différence d’ambition. Vardzia est monastique et tardif, avec des fresques et des galeries ordonnées. Uplistsikhé est plus ancien et plus urbain. Il propose un tissu, pas seulement un complexe religieux. Cette distinction aide à situer chaque site dans l’histoire du pays et des techniques troglodytes du Caucase. La liste indicative de l’UNESCO mentionne d’ailleurs ces ensembles comme des jalons complémentaires.

Uplistsikhé n’a pas besoin de superlatifs. La force du lieu vient de sa cohérence. Tout est lisible : l’adaptation au rocher, la gestion de l’eau, l’urbanité sobre, la stratification des cultes. Vous repartirez avec des images précises. Un banc taillé, un plafond qui imite un plafond, une rue creusée. Et peut-être cette sensation : un espace peut être minéral et habité à la fois. Uplistsikhé le prouve depuis longtemps.

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Themes: Géorgie

Keywords: Troglodyte

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