La Maison du Chat à Riga : entre folklore et Art nouveau

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La Maison du Chat à Riga : entre folklore et Art nouveau
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La Maison du Chat, sur la place Līvu à Riga, attire d’abord par ses deux silhouettes félines dressées au sommet de ses tourelles. Pourtant, derrière cette image devenue emblématique se cache un édifice bien plus riche : une construction de 1909 qui mêle formes médiévales, vocabulaire Art nouveau et histoire corporative de la capitale lettone. Conçu par l’architecte Friedrich Scheffel, le bâtiment s’inscrit dans un moment charnière où Riga réinterprète son passé pour façonner une modernité expressive.

C’est cette intersection entre architecture, légende et identité urbaine qui fait de la Maison du Chat de Riga un repère singulier dans le tissu historique de la vieille ville.

Un repère urbain sur la place Līvu

Un repère urbain sur la place Līvu

Située au 10 Līvu laukums, la Maison du Chat (Kaķu nams) est devenue l’un des symboles les plus photographiés de Riga. L’édifice se dresse face à la Grande Guilde, dans un secteur où se côtoient bâtiments médiévaux, maisons du XIXᵉ siècle et ensembles Art nouveau. Le contexte architectural du quartier, largement documenté par le Latvian Museum of Architecture, souligne l’intérêt de ce bâtiment qui combine motifs historicistes et emprunts à l’esthétique du tournant du XXᵉ siècle.

Autour de la place, la diversité des styles permet de voir les siècles d’évolution urbaine : anciennes maisons marchandes, volumes classiques du XIXᵉ siècle et façades modernistes du début du XXᵉ siècle. La Maison du Chat s’inscrit dans cet ensemble contrasté en offrant une lecture plus ludique de l’architecture Art nouveau à Riga, dont elle reprend certains codes en les associant à une silhouette inspirée des châteaux médiévaux. Cette hybridation contribue à son rôle de signal visuel au cœur de la vieille ville.

Un bâtiment conçu par Friedrich Scheffel

Un bâtiment conçu par Friedrich Scheffel

La Maison du Chat fut construite en 1909, selon les plans de Friedrich Scheffel, un architecte actif dans plusieurs projets Art nouveau de Riga aux côtés d’Heinrich Karl Scheel. Les historiens de l’architecture Jānis Krastiņš et Kristiāna Ābele rappellent que Scheel & Scheffel ont introduit à Riga un Art nouveau marqué par des influences germaniques, des façades et un décor inspiré des contes médiévaux.

L’immeuble est un exemple typique du style éclectique romantique, très répandu dans la capitale au début du XXᵉ siècle : volumes de “petit château”, tourelles coniques, arcs brisés et traitement plastique de la façade. L’ensemble traduit une volonté de créer un bâtiment reconnaissable dans un tissu urbain dense. On y perçoit aussi l’influence des courants historicistes germaniques, très présents dans les réalisations des architectes actifs à Riga à cette période. Ces choix renforcent son caractère distinctif.

Une architecture historiciste nourrie de détails Art nouveau

Une architecture historiciste nourrie de détails Art nouveau

Bien que son enveloppe évoque un manoir médiéval, la Maison du Chat reprend plusieurs codes de l’Art nouveau, confirmés dans l’inventaire patrimonial publié par Rīgas Pieminekļu Aģentūra :

  • courbes décoratives autour des lucarnes
  • fenêtres élargies typiques du mouvement moderniste balte
  • palette chromatique ocre et verte, fréquente dans le Jugendstil de Riga
  • silhouettes animales stylisées, en l’occurrence les fameux chats

Ces marqueurs s’inscrivent dans la grande diversité du Jugendstil de Riga, aujourd’hui reconnu par l’UNESCO pour son exceptionnelle concentration de bâtiments modernistes.

Les chats : un détail sculptural devenu mythe urbain

Les chats : un détail sculptural devenu mythe urbain

Les deux chats en cuivre, installés sur les tourelles d’angle du bâtiment, datent de la construction d’origine. Les archives municipales précisent que le propriétaire était alors un riche marchand letton, dont le nom apparaît dans les registres de la ville au tout début du XXᵉ siècle. Deux versions de la légende sont rapportées par les guides officiels et les travaux du Latvian Museum of Architecture :

1. La version liée à la Grande Guilde

1. La version liée à la Grande Guilde

Le marchand, refusé par la Grande Guilde (institution puissante regroupant les commerçants allemands de Riga) aurait installé les chats queue tournée vers la Guilde, en signe de protestation. Cette version est la plus souvent racontée lors des visites guidées. Les récits patrimoniaux soulignent qu’un litige a opposé le propriétaire à la corporation. Cette anecdote est devenue l’un des épisodes les plus commentés du folklore urbain de Riga. Elle accompagne désormais presque toutes les présentations du bâtiment.

2. La version liée au Conseil municipal

2. La version liée au Conseil municipal

Une variante, parfois citée comme plus ancienne, raconte que les chats visaient l’ancien hôtel de ville, situé non loin de la place Līvu, après un conflit avec les autorités municipales. L’édifice ayant brûlé pendant la Seconde Guerre mondiale et ayant été reconstruit entre 2000 et 2001, la localisation prête à confusion, mais la tradition orale retient les deux interprétations. Cette incertitude alimente le mythe.

Un conflit qui se solde par un compromis

Un conflit qui se solde par un compromis

Les récits patrimoniaux convergent toutefois sur un point : après une plainte officielle, un accord imposa de tourner les statues afin qu’elles ne présentent plus leur arrière-train vers la Grande Guilde.

Les chats pointent donc aujourd’hui vers la rue, dans une attitude un peu plus neutre, mais la légende demeure l’un des épisodes les plus connus de la mémoire urbaine de Riga.

Intégration dans le paysage architectural de la vieille ville

Intégration dans le paysage architectural de la vieille ville

La Maison du Chat occupe une position stratégique : elle marque la transition entre la vieille ville médiévale (dominée par les guildes, les ruelles étroites et les maisons marchandes) et la zone plus récente qui a vu l’essor du Jugendstil à la fin du XIXᵉ siècle. Elle attire l’attention pour trois raisons :

  • son rôle dans l’histoire sociale et corporative de Riga
  • son architecture hybride, entre historicisme et Art nouveau
  • la force emblématique de ses sculptures animales

Un symbole de Riga

Un symbole de Riga

La Maison du Chat illustre une facette moins monumentale mais très expressive de l’architecture lettone du début du XXᵉ siècle. Elle offre un contrepoint intéressant aux façades monumentales d’Alberta iela et d’Elizabetes iela, tout en rappelant que l’Art nouveau à Riga ne se limite pas à l'abondance décorative : il comprend aussi des formes plus narratives et ludiques, enracinées dans la tradition locale.

Souvent réduite à sa légende facétieuse, la Maison du Chat mérite pourtant d’être lue comme un véritable document architectural : un édifice charnière entre héritage médiéval, aspirations modernistes et tensions sociales d’une capitale alors en pleine transformation.

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Themes: Lettonie

Keywords: Art Nouveau, Coloré

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