Le kelong : architecture maritime traditionnelle d’Asie du Sud-Est

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Le kelong : architecture maritime traditionnelle d’Asie du Sud-Est
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Les kelong (ou kellong) désignent des plateformes en bois construites au-dessus de la mer, surtout utilisées pour la pêche et, plus récemment, pour le tourisme. Ces structures emblématiques font partie du patrimoine maritime de la Malaisie, de l’Indonésie, des Philippines et de Singapour. Leur présence devient toutefois rarissime à mesure que l’urbanisation progresse et que les modes de pêche évoluent.

Origines et répartition géographique

Origines et répartition géographique

Les kelong seraient apparus il y a plusieurs siècles dans les communautés malaises et orang laut (nomades de la mer), selon des études publiées par le National Heritage Board of Singapore en 2018. Leur répartition correspond aux routes de pêche traditionnelles du détroit de Malacca et de la mer de Chine méridionale. Aujourd’hui, les principaux ensembles de kelong se trouvent encore :

  • au large de Pulau Sibu et Pulau Tinggi (Johor, Malaisie)
  • dans les îles Riau (Indonésie)
  • le long de la côte de Batangas (Philippines)
  • autour de Pulau Ubin et Changi (Singapour), bien que leur nombre ait grandement diminué

Fonctions : de la pêche à l’habitat marin

Fonctions : de la pêche à l’habitat marin

À l’origine, les kelong servaient principalement de postes avancés de pêche en mer. Ils permettaient de poser et relever les filets, d’abriter les pêcheurs et de stocker le poisson. Certaines structures plus grandes étaient de véritables habitats permanents abritant des familles entières, notamment en Indonésie.

Aujourd’hui, on distingue plusieurs usages :

UsageDescription
Pêche traditionnelleUtilisation de filets permanents (pukat) fixés entre des pieux en bambou marin tressé
AquacultureÉlevage de poissons de mer dans des cages immergées près des plateaux côtiers
HabitatLogements sur mer (encore visible aux Riau en Indonésie) dans les villages flottants
TourismeRestaurants et hébergements sur kelong à Singapour et en Malaisie

Techniques de construction : architecture sans clous

Techniques de construction : architecture sans clous

Les kelong sont construits avec des pieux de bois enfoncés dans le fond marin, parfois jusqu’à 20 m de profondeur, afin d’assurer une bonne stabilité face aux courants, au vent et aux marées. Selon le National University of Singapore Department of Architecture, la structure privilégie des matériaux naturels :

  • Pieux : bois dur tropical (chengal en Malaisie, bangkirai ou belian à Bornéo), apprécié pour sa résistance à l’eau salée. Ce matériau vieillit lentement et supporte bien les charges verticales.
  • Assemblages : sans clous, utilisant des ligatures en rotin ou en fibre de palmier.
  • Passerelles : planches de bois posées et remplacées facilement si elles pourrissent.
  • Toitures : nattes de palmier nipah ou tôle ondulée selon les époques.

Cette architecture vernaculaire est un bel exemple de construction adaptable et réparable facilement, pensée pour durer face au climat marin tout en restant mobile si nécessaire.

Techniques de pêche intégrées

Techniques de pêche intégrées

Les kelong reposent sur un système ingénieux : des filets sont suspendus sous l’édifice et descendus dans l’eau à marée montante, puis remontés lorsqu’ils sont remplis de poissons attirés par les courants.

Avantages :

  • Pas besoin de bateau pour pêcher
  • Contrôle continu des prises
  • Conservation du poisson vivant grâce à des zones immergées

Selon l’ouvrage Traditional Fishing Methods of Southeast Asia (FAO, 2010), ce système permettait autrefois de capturer de grandes quantités de maquereaux, sardines, barracudas et poissons de récif.

Vie quotidienne sur un kelong

Vie quotidienne sur un kelong

La vie sur un kelong est rythmée par la mer et par les cycles de pêche. Les grandes plateformes sont aménagées de façon basique mais ultra fonctionnelle : une cuisine ouverte équipée de réchauds à gaz, quelques cabines en bois pour dormir, une salle commune et des zones de travail pour démêler, réparer ou sécher les filets. L’électricité provient de petits générateurs ou de panneaux solaires, tandis que l’eau douce est stockée dans des réservoirs qui sont généralement livrés par bateau.

Les journées commencent avant l’aube, quand les poissons sont les plus actifs, et se terminent souvent tard, après l’entretien des équipements et la préparation des prises pour la vente.

Au-delà des tâches de pêche, le kelong est également un espace de vie communautaire. Les repas se prennent en groupe, ils sont souvent composés de poissons fraîchement pêchés, de riz et de légumes séchés. Les enfants participent parfois aux tâches légères, comme rincer les filets ou nourrir les poissons des cages d’aquaculture. En dépit d’un confort rudimentaire, les habitants décrivent un mode de vie paisible et indépendant, où chaque membre dépend de la cohésion du groupe.

La mer est une ressource, une voie de communication et un horizon culturel : elle structure les liens sociaux, les savoir-faire et les traditions transmises d'une génération à l'autre.

Variantes régionales

Variantes régionales

En Malaisie, les kelong traditionnels sont les plus répandus dans l’État de Johor et autour des îles comme Pulau Sibu. Ils sont généralement construits sur pieux fixes et utilisés pour la pêche au filet ou l’aquaculture. Depuis les années 2000, plusieurs de ces plateformes sur l'eau ont été transformées en hébergements rustiques destinés aux amateurs de pêche sportive et d’écotourisme.

En Indonésie, on rencontre des variantes appelées bagan ou bagan perahu. Certaines d'entre elles sont entièrement mobiles et tractées par des bateaux, tandis que d’autres sont semi-flottantes. Ces structures utilisent souvent un éclairage nocturne puissant pour attirer les bancs de poissons vers les filets immergés, une méthode documentée par l’Agence indonésienne de la pêche maritime.

Aux Philippines, des plateformes similaires existent le long des côtes de Batangas, Palawan ou Mindoro. Elles sont parfois liées aux communautés de pêche artisanale et servent autant d’abris temporaires que de postes de surveillance contre la pêche illégale. Leur construction repose davantage sur le bambou, qui est plus abondant localement que le bois dur tropical utilisé pour le kelong en Malaisie.

À Singapour, il subsiste moins d’une vingtaine de kelong encore existants, principalement autour de Changi et Pulau Ubin. La majorité sont reconvertis pour la pêche-loisir et l’accueil de visiteurs, et sont soumis à des réglementations strictes du Singapore Food Agency concernant l’hygiène et l’aquaculture. Malgré leur rareté, ils demeurent un symbole fort du patrimoine maritime local.

Un patrimoine menacé

Un patrimoine menacé

Selon l’association patrimoniale Singapore Heritage Society (2021), les kelong sont en voie de disparition à cause de la modernisation accélérée des zones côtières, de la pression touristique croissante, de l’industrialisation maritime et de la transformation des pratiques de pêche traditionnelles.

  • l’urbanisation côtière,
  • la surpêche,
  • les réglementations maritimes,
  • le coût de maintenance,
  • la pollution marine.

Singapour et la Malaisie encouragent aujourd’hui la reconversion des kelong en éco-tourisme maritime : restaurants sur mer, pêche-loisirs, séjours traditionnels. L’UNESCO, dans son rapport 2019 sur le patrimoine culturel immatériel maritime, cite les kelong comme exemple remarquable de savoir-faire vernaculaire lié à la mer. Plusieurs programmes locaux soutiennent désormais la formation de jeunes charpentiers marins pour assurer la transmission des techniques de construction.

Topics and keywords

Themes: Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour

Keywords: Bois, Pilotis

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