Galme Stavanger : un quartier de maisons blanches au-dessus du port

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Galme Stavanger : un quartier de maisons blanches au-dessus du port
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Quand vous arrivez à Stavanger par le port, le regard accroche vite une pente pavée, des toits rouges et une enfilade de façades blanches. Les bus déposent généralement les visiteurs à quelques centaines de mètres. Pourtant, dès que vous quittez le quai, le bruit du trafic baisse. Gamle Stavanger apparaît comme un petit réseau de ruelles où les maisons se serrent les unes contre les autres. Bardage de bois, fenêtres à petits carreaux, jardinières de fleurs. Tout paraît très sage, mais derrière ces façades se cache une histoire faite de pauvreté, d’industries, de menaces de démolition et de combats pour la préservation.

Gamle Stavanger, le quartier en bois au bord du Vågen

Gamle Stavanger, le quartier en bois au bord du Vågen

Gamle Stavanger occupe le versant ouest du Vågen, le bassin intérieur du port. Le secteur compte 170 à 180 maisons en bois, construites à la fin du XVIIIᵉ siècle et au début du XIXᵉ. La plupart sont de petites maisons accolées, un à deux niveaux, avec des façades blanches et des toits de tuiles rouges.

On le présente souvent comme le cœur de la "ville de bois" de Stavanger, qui regrouperait près de 8 000 bâtiments en bois dans l’agglomération, tous styles confondus, de l’empire à l’Art nouveau. Gamle Stavanger en serait le morceau le plus lisible, presque une maquette à l’échelle 1.

Pour rejoindre le quartier depuis le centre, vous traversez le port, passez devant les grandes terrasses des cafés et de restaurants, puis une rue à la circulation dense. Ensuite, la pente commence. Les pavés remplacent l’asphalte, les trottoirs disparaissent, les maisons s’alignent directement sur la rue.

D’un quartier populaire à adresse convoitée

D’un quartier populaire à adresse convoitée

À l’origine, les habitants de Gamle Stavanger ne vivaient pas dans un décor de carte postale. Les maisons accueillaient surtout des ouvriers des conserveries de sardines, des marins, des travailleurs liés au port et au hareng. Les familles nombreuses occupaient souvent quelques pièces seulement.

Plusieurs maisons possèdent ce que les Norvégiens appellent des "arches de Stavanger" sous les toits. Il s’agit de petits volumes ajoutés pour agrandir le comble et loger davantage de personnes.

Fait étonnant pour un quartier aussi compact : certaines maisons n’ont pas toujours été là. Il était courant, en Norvège, de démonter une maison en bois pour la transporter ailleurs. On retrouve cette pratique à Gamle Stavanger, où plusieurs bâtiments ont été déplacés d’un village voisin de la ville.

Aujourd’hui, la situation a changé. Le quartier est recherché, les prix immobiliers y sont élevés, et la plupart des maisons appartiennent à des ménages plutôt aisés, parfois très attachés au calme des lieux. Cette tension entre image touristique et vie quotidienne traverse toutes les discussions sur l’avenir de Gamle Stavanger. Beaucoup de personnes de ce quartier y voient le prix d’un cadre préservé.

Pourquoi toutes ces façades sont blanches ?

Pourquoi toutes ces façades sont blanches ?

Quand vous marchez dans Gamle Stavanger, tout est uniformément blanc. Pourtant, les façades n’ont pas toujours eu cet aspect. Pendant longtemps, les pigments rouges ou jaunes dérivés de la production locale étaient moins coûteux que la peinture blanche. Les maisons modestes prenaient donc des teintes plus soutenues, proches de celles que vous voyez encore sur certaines granges ou maisons rurales.

Le blanc, réservé aux demeures plus riches, s’est répandu lorsque les revenus ont augmenté et que la peinture est devenue plus abordable. Le goût des villes norvégiennes pour les quartiers blancs remonte en partie à cette période. Stavanger n’y échappe pas. Au fil du temps, les propriétaires ont repeint leurs façades, et Gamle Stavanger a pris cet aspect homogène qui marque aujourd’hui les visiteurs.

Ce choix n’est pas neutre. Le blanc accentue les contrastes avec les toits rouges, les gardes-corps, les portes colorées et les massifs fleuris. Il fait ressortir les ombres portées des moulures, des embrasures, des encadrements. Il agit presque comme une feuille de papier sur laquelle chaque détail ressort.

La municipalité encadre désormais les couleurs autorisées dans le secteur. Les variations se jouent surtout sur les menuiseries, les portes, les volets, les jardinières. L’unité générale du blanc devient ainsi un outil de lecture : les volumes, les rythmes de fenêtres, les différences de gabarit sautent aux yeux.

Une architecture faite de répétitions et de détails

Une architecture faite de répétitions et de détails

Les maisons de Gamle Stavanger suivent presque toutes le même gabarit. De petites parcelles, une façade qui donne sur la rue, un ou deux étages et un comble sous un toit à deux pans. Certaines montrent leur pignon, d’autres s’étirent parallèle à la rue. Le bois domine partout : un bardage horizontal, parfois un peu différent d’une maison à l’autre selon les profils ou les moulures choisies à l’époque.

Les ouvertures rythment les façades de façon régulière. Fenêtres à petits carreaux, souvent à deux battants, parfois surmontées d’un linteau légèrement mouluré. Certaines maisons ont un léger débord de l’étage sur le rez-de-chaussée, d’autres avancent un pignon en encorbellement léger vers la rue.

Les seuils montrent également quelque chose du quartier. Des marches en pierre usées et polies par le temps, de petits paliers où quelqu’un a posé deux pots de fleurs, un banc appuyé contre le mur. Les portes, souvent peintes en vert profond, en bleu ou en rouge sombre, donnent une note marquée. Elles indiquent clairement l’entrée et rappellent la frontière entre la rue et la maison.

Pour un regard d’architecte, Gamle Stavanger n’est pas un catalogue de prouesses. La richesse vient de la répétition avec variations : mêmes règles de base, mais détails différents selon les années, charpentiers, envies des habitants. On finit par reconnaître les maisons comme on reconnaît des visages :

  • un auvent plus large que celui du voisin
  • une moulure ajoutée au fil d’un chantier
  • une fenêtre déplacée pour gagner un peu de lumière
  • un pignon légèrement différent malgré un plan presque identique

Ruelles pavées, jardins cachés et petites vues sur le port

Ruelles pavées, jardins cachés et petites vues sur le port

Les rues montent et descendent, épousant la pente qui mène du port à la colline. Certaines ruelles sont si étroites que deux poussettes auraient du mal à se croiser. Les pavés accentuent la sensation d’ancienneté, mais aussi de proximité : impossible de marcher vite, vous adaptez votre pas.

À côté des alignements serrés le long de la rue, de petits jardins s’ouvrent sur les arrière-cours ou sur des venelles transversales du quartier. Clôtures basses, arbres fruitiers, carrés de légumes, remise à outils. Le bâti n’écrase pas la végétation, il la laisse se glisser là où un interstice existe.

Par endroits, une ouverture entre deux maisons offre un cadrage étroit sur le Vågen, les mâts des bateaux et les façades plus imposantes des anciens entrepôts de l’autre rive. Ces vues rappellent que Gamle Stavanger est avant tout un quartier portuaire. Elles ramènent aussitôt le port dans le décor.

Le secteur accueille plusieurs institutions : musée maritime, bâtiments d’anciens marchands, musée de la conserve et musée de l’imprimerie. Ces lieux s’insèrent dans le tissu résidentiel, sans créer de rupture majeure. Vous sortez d’une rue silencieuse, vous poussez une porte, et vous vous retrouvez face à une ancienne ligne de production de sardines. Ce contraste surprend toujours les visiteurs.

Comment Gamle Stavanger a échappé aux bulldozers ?

Comment Gamle Stavanger a échappé aux bulldozers ?

Après la Seconde Guerre mondiale, Stavanger, comme beaucoup de villes, se dote d’un grand plan de modernisation. La densité de maisons en bois, le risque d’incendie, le mauvais état de certains immeubles nourrissent l’idée qu’il faudrait reconstruire en béton une bonne partie du centre. Gamle Stavanger, quartier pauvre, est alors considéré comme une zone promise à la démolition.

C’est là qu’intervient Einar Hedén, architecte de la ville. À contre-courant, il défend la valeur patrimoniale de ces maisons en bois. Il plaide pour une restauration plutôt qu’une démolition. En 1956, le conseil municipal vote la protection d’une partie du quartier, ce qui ouvre la voie à un long chantier de réhabilitation. Son engagement change alors le destin prévu pour ce quartier.

Le secteur sauvegardé était alors jugé "le moins intéressant", constitué de petites maisons en mauvais état. C’est pourtant lui qui deviendra la vitrine de la politique de conservation de Stavanger.

En 1975, Gamle Stavanger fait partie des exemples mis en avant lors de l’Année européenne du patrimoine architectural. Le quartier est cité, avec Røros et le village de pêcheurs de Nusfjord, comme illustration d’une conservation qui n’exclut pas l’usage quotidien des habitants. L’UNESCO le mentionne alors parmi les villes norvégiennes considérées comme dignes de protection.

Depuis, Stavanger a reçu plusieurs distinctions pour cette politique patrimoniale. Le quartier ne se réduit pas à un décor pour les visiteurs : il est habité, marqué par la vie de tous les jours, avec du linge qui sèche, des jouets d’enfants sur les marches, des vélos appuyés contre les murs.

Habiter Gamle Stavanger aujourd’hui

Habiter Gamle Stavanger aujourd’hui

Vivre dans Gamle Stavanger suppose d’accepter quelques règles. Le statut de secteur protégé impose des contraintes sur les transformations : matériaux, volumes, menuiseries, couleur des façades. Les propriétaires ne peuvent pas, du jour au lendemain, remplacer les fenêtres par des modèles standard.

Le cadre juridique norvégien sur le patrimoine bâti renforce ces obligations, surtout pour les maisons les plus anciennes. Les modifications importantes sur des bâtiments antérieurs à 1850 relèvent de procédures spécifiques. Cette protection limite les destructions, mais allonge parfois les délais de travaux.

Le quartier doit aussi composer avec le tourisme. Pendant la saison des croisières, des groupes entiers montent la rue principale, s’arrêtent devant les maisons, prennent des photos. La municipalité rappelle régulièrement que ces maisons sont des logements. Elle demande aux visiteurs de respecter la tranquillité des habitants, de ne pas photographier à travers les fenêtres, de garder un ton modéré le soir.

En contrepartie, les habitants bénéficient d’un environnement urbain singulier : presque aucun trafic motorisé, un réseau dense de ruelles, des musées à deux pas, un accès immédiat au port et au centre-ville. Certains ouvrent d’ailleurs un atelier d’artisanat ou une galerie au rez-de-chaussée, prolongeant ainsi la tradition commerçante de la zone. Cette proximité crée une ambiance qui marque les visiteurs.

Préparer votre visite des maisons blanches

Préparer votre visite des maisons blanches

Si vous découvrez Stavanger pour une journée, vous pouvez facilement consacrer une heure ou deux à Gamle Stavanger. Depuis le port où accostent les ferries et les navires de croisière, vous atteignez les premières maisons blanches en dix minutes de marche environ.

Le matin tôt, les ruelles sont surtout occupées par les habitants qui promènent leur chien, sortent les poubelles ou partent travailler. L’ambiance est assez calme. En milieu de journée, les groupes de visiteurs se multiplient, surtout les jours d’escale de grands bateaux. Si vous aimez prendre le temps de regarder les détails architecturaux, les premières heures ou la fin d’après-midi seront plus confortables.

Pendant la visite, prêtez attention à quelques éléments précis :

  • les arches de toiture qui agrandissent le comble.
  • les différences de gabarit entre les maisons sur rue principale et celles des petites venelles.
  • les variations de portes (panneaux moulurés, heurtoirs, petits auvents).
  • les traces d’anciens commerces, parfois encore lisibles dans une vitrine ou une enseigne.

Pensez aussi aux habitants. Vous pouvez photographier les maisons depuis la rue, mais ne collez pas votre objectif aux vitres. Ne franchissez pas les clôtures des jardins, même si une composition vous tente. Gamle Stavanger n’est pas un décor de studio, c’est un quartier où des gens vivent.

Ce que Gamle Stavanger montre de la ville de bois

Ce que Gamle Stavanger montre de la ville de bois

Quand vous redescendez vers le port, la transition est très courte entre Gamle Stavanger et les bâtiments plus récents liés au commerce ou à l’industrie pétrolière. Quelques centaines de mètres séparent les maisons blanches d’un paysage de bureaux, de parkings et d’installations portuaires.

Cette proximité donne une lecture intéressante de Stavanger. D’un côté, une ville tournée vers l’énergie, les services, les grandes infrastructures. De l’autre, un quartier de maisons en bois préservées presque par la volonté de quelques acteurs tenaces dans les années 1950. Entre les deux, des milliers d’autres maisons en bois, moins connues, qui composent la trame ordinaire de la ville.

En observant les façades blanches de Gamle Stavanger, vous voyez bien plus qu’un décor photogénique. Vous lisez un compromis entre confort moderne et respect d’un tissu ancien, entre protection juridique et vie quotidienne, entre mémoire d’un milieu ouvrier et réalité actuelle d’un quartier recherché.

La prochaine fois que vous verrez une photo de ces ruelles, vous pourrez imaginer ce qui se cache derrière chaque façade : des ouvriers des conserveries du début du XXᵉ siècle, un architecte municipal qui s’oppose à un plan de démolition, une famille d’aujourd’hui qui négocie avec la mairie pour changer une fenêtre, et des visiteurs qui essayent de cadrer la maison idéale sans déranger ceux qui y habitent.

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Themes: Norvège

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